Eventos Académicos, 39 ISCHE. Educación y emancipación

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« Former l’élite » : les pédagogues d’éducation nouvelle entre émancipation et révolution conservatrice (1919-1939)?
Sylvain Wagnon

Última modificación: 2017-07-17

Resumen


La question de la formation des élites, terme qui méritera d’être défini dans son contexte et dans ses différentes approches, est présente dès le dernier quart du XIXe siècle et devient un point nodal des réflexions éducatives après la première guerre mondiale [Duval, 2002].

Perçu comme une « urgence sociale », la formation et la promotion de l’élite devient une question cruciale pour reconstruire les Etats européens des années vingt. Elle reste un questionnement actuel [Mons, 2005].

Mais ne peut-on pas définir l’ambigüité initiale de cette notion qui se situe dans la volonté de penser l’éducation d’une élite dans une société de masse ? Les pédagogues d’éducation nouvelle dans leur désir de renouveler l’éducation ont eux-aussi pensé cette formation de l’élite. Ovide Decroly écrit en 1932 pour le congrès de la Ligue internationale de l’éducation nouvelle que la situation impose l’urgence de « préparer l’élite, à la sélectionner et à la former dès l’école » [Decroly, 1932] S’il décrit à la fois les « devoirs sociaux » de cette élite, les espoirs d’un progrès social, on ne peut s’empêcher de penser aussi cette promotion de l’élite comme une hiérarchisation sociale qui correspond à un contexte particulier de lois scolaires des années vingt.

Comment analyser la position de Maria Montessori, figure incontournable de l’éducation nouvelle italienne et en même temps soutien, ou observatrice complaisante, de la réforme Gentile de 1922 ? Comment analyser, la politique des « mieux doués » mis en œuvre par Ovide Decroly en Belgique dès 1918 ?

Ces pédagogues qui prônent une « révolution copernicienne » proposent-ils la promotion de l’élite comme un outil au service d’une révolution démocratique émancipatrice ou d'une révolution conservatrice ? Ne sont-ils pas prisonniers du mythe de la méritocratie scolaire et du poids de leurs milieux sociaux (catholicisme pour Montessori, bourgeoisie libérale pour Decroly) ?

A partir des écrits des pédagogues, de leurs archives privées en ce qui concerne Ovide Decroly et Maria Montessori, nous souhaiterions donc poser cette question de la formation de l’élite par le prisme de la problématique émancipation et/ou conservatisme.

Grâce à cette analyse nous voudrions aussi aborder les questions concomitantes de l’élaboration des tests mentaux [Huteau, 2006] et même de l’eugénisme [Mucchielli, 2002] qui reste pour l’histoire de l’éducation nouvelle un point aveugle de la recherche.