L’échelon local paraît peu propice à la politisation des choix éducatifs. L’idée qu’une « démocratie de proximité » est moins idéologique et plus pragmatique que le cadre national a souvent été affirmée. De même, dans le cadre français, le système éducatif reste largement géré au niveau local. Pourtant, la montée des compétences des collectivités locales est une réalité politique et réglementaire depuis 1982. Elle a suscité le développement de la décentralisation éducative (1983, 2004). Dès lors, peut-on parler d’une politisation des enjeux éducatifs à l’échelon local ?

Pour étudier cette question, nous nous appuierons sur l’exemple du conseil régional de Picardie (1982-2015). Celui-ci possède en effet une double caractéristique qui en fait un cas indiqué pour l’étude de ce sujet. D’une part, il est confronté à un retard éducatif spécifique, parfois qualifié dans les sciences sociales de « RCP » (Retard culturel picard). D’autre part, il a connu une alternance répétée entre des majorités de gauche (1982-1985, 2012-2015), et de droite (1985-2004).

Axes d’analyse et cadre théorique: La proposition de communication se propose d’analyser l’éventuelle politisation des politiques éducatives locales du CR de Picardie par trois axes :

-          Existe-t-il des politiques éducatives « conservatrices » et « progressistes » au niveau régional ?

-          Peut-on repérer des ruptures de politiques éducatives liées aux alternances politiques ?

-          Peut-on distinguer  différentes formes de politisation de l’éducation (discours publics, pratiques réelles) entre les différentes majorités au Conseil régional?

Pour étudier ces axes, une approche résolument interdisciplinaire sera privilégiée. Les travaux de science politique (Dupuy, 2010 ; Maistre, Palma, 2016), d’histoire (Chanet, 1996 ; Chapoulie, 2010) et de sociologie de l’éducation (Mons, 2004 ; Zanten, 2005) seront croisées. Cette optique interdisciplinaire vise à éclairer de manière multiple le sujet. Elle interrogera en particulier les notions de « politisation », « conservatisme » et « progressisme » au niveau local.

Sources : La proposition de communication s’appuiera sur des sources largement inédites, utilisées dans le cadre d’un projet de recherche en cours dans trois laboratoires (projet PREUVE, 2015-2018) : les archives du préfet de région (AD de la Somme), les délibérations et les publications du Conseil régional, la presse régionale (Courrier Picard, Voix du Nord).