Eventos Académicos, 39 ISCHE. Educación y emancipación

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S’émanciper par les études : cas des jeunes femmes scolarisées dans un centre de formation catholique en France (1964-1998)
Doriane Gomet

Última modificación: 2017-07-17

Resumen


Cette étude a pour ambition d’analyser les trajectoire sociales et professionnelles de jeunes filles ayant été scolarisées dans une école privée catholique de futures enseignantes d’éducation physique entre 1964, date de son ouverture, et 1998, date à laquelle le centre change de directeur. L’enjeu de ce travail consiste à mesurer l’impact que cette formation, qui dure d’une à quatre années, a pu avoir sur leur éventuelle émancipation. Ce terme polysémique, voire problématique, est ici entendu dans le sens d’une éventuelle libération par rapport aux normes, valeurs et usages qui s’imposent à elles au regard de leurs origines sociales et de leurs croyances religieuses, sachant que les discours catholiques autour des rôles de mère et d’épouse sont extrêmement structurants.

Si l’histoire de la scolarisation des femmes comme les questions touchant aux relations existant entre l’école, l’université, le pouvoir et la domination masculine ont fait l’objet de multiples travaux depuis plus de trente ans, cette recherche a la particularité d’entrecroiser les questions de genre, de religion, d’études universitaires et de sport.

La première phase de l’étude a consisté à mettre à jour les traits saillants de la formation reçue par les jeunes filles au cours de leurs études. Les archives de l’Université Catholique de l’Ouest (UCO, Angers, France) ont été étudiées comme celles déposées aux Archives Nationales du Monde du Travail (ANMT, Roubaix, France). Durant la seconde phase, quantitative, ce sont quelques 380 dossiers scolaires déposés à l’Institut de Formation en Éducation Physique et en Sport d’Angers (IFEPSA, Angers, France) qui ont été analysés afin de dégager le profil sociologique des étudiantes, les appréciations dont elles sont l’objet par l’institution, leur réussite aux examens permettant d’enseigner l’éducation physique. Enfin, la troisième phase, cette fois-ci qualitative, repose sur des entretiens semi-directifs auprès de 47 femmes. Grâce à ce matériau, il a été possible de connaître leur parcours professionnel et leur trajectoire familiale une fois sortie de l’école. Des indicateurs tels que le mariage, le nombre d’enfants, les pratiques religieuses, culturelles et sportives, le choix du poste et le maintien d’une activité salariée, l’implication dans la vie publique ont été systématiquement interrogés tandis que les normes, valeurs et interdits moraux qui les animent ont aussi été investigués.

Jusqu’en 1998, la formation morale, physique et technique vécue par les jeunes filles à l’école d’Angers participe indéniablement au maintien, voire au renforcement des stéréotypes de genre entravant ainsi toute forme d’émancipation. Ceci étant, le dispositif se fragilise progressivement, notamment à partir des années 1980 alors même que le contexte sociétal se modifie profondément. Certaines étudiantes se saisissent des espaces de liberté qui s’offrent à elles au cours de leurs études pour se dégager des cadres moraux dans lesquels elles baignent depuis leur enfance.