Eventos Académicos, 39 ISCHE. Educación y emancipación

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Femme dans un monde d'hommes : contraintes, négociations et émancipation. Le cas d'une directrice d'établissement technique féminin du milieu du 20e siècle
Véra Léon

Última modificación: 2017-07-17

Resumen


Cette communication s’appuie sur mon travail de doctorat portant sur le genre des formations professionnelles dans l’après-guerre en France (1945-1975). Elle se nourrit plus spécifiquement d’une étude de cas réalisée à partir des archives d’un centre d’apprentissage non-mixte[1] (registre des compte-rendu des conseils d’administration, listes de professeurs et d’élèves…), complétées par des archives d’état civil et des dossiers de carrière. Il s’inscrit dans le projet "Femmes et innovations pédagogiques, Sao Paulo-France, 1860-1960" coordonné par Rebecca Rogers et Diana Vidal.

Madame Leroux est nommée en 1953 directrice du Centre d’Apprentissage pour jeunes filles de la rue Quinault (Paris 15°, France), et y restera jusqu’à sa retraite en 1968. Cette femme arrive à la tête d’une institution exclusivement féminine par son public et ses professeures. De plus, elle doit faire face à un conseil d’administration d’industriels et à des supérieurs hiérarchiques de l’enseignement technique, tous deux dominés par des hommes. Elle inscrit donc son action dans un espace éducatif et professionnel caractérisé par de fortes asymétries sexuées. Quelles stratégies et quelles ressources une femme dirigeante peut-elle mobiliser dans un tel contexte ? Quelles difficultés spécifiques rencontre-t-elle, pour quels succès et quels revers ?

À l’occasion de son arrivée dans cette institution qui existait déjà dans l’entre-deux-guerres, organisée en différentes sections, dont la retouche photographique ou la chimie, elle impulse de surcroît une transformation des pratiques administratives et pédagogiques. D’une part, elle centralise le contrôle et l’encadrement de la vie quotidienne de l’établissement, édictant notamment à travers des notes de services les normes disciplinaires et pédagogiques à respecter pour les élèves comme pour les professeures. D’autre part, elle favorise la mise en place et la coordination d’actions pédagogiques, en mettant par exemple à profit les portes ouvertes ayant pour objectif premier de recruter de nouveaux effectifs, pour favoriser l’émulation et le travail d’équipe entre ses élèves. Dans quelle mesure le genre participe-t-il à redéfinir la politique éducative qu’elle mène dans l’établissement ? Quelles normes scolaires et professionnelles, à destination des élèves et des professeurs, contribue-t-elle à produire ? Comment rapports de pouvoir, d’autorité et de hiérarchie s’articulent-ils entre les différents acteurs/trices de l’établissement, sans exclure parfois de la connivence ou de l’amitié ?