Eventos Académicos, 39 ISCHE. Educación y emancipación

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Comment un recteur conservateur peut-il mener une politique éducative progressiste ?(
Bruno Poucet

Última modificación: 2017-07-17

Resumen


En matière scolaire, mais pas uniquement dans ce seul domaine, l’académie d’Amiens peut se prévaloir d’être quasi dernière dans les différents classements en métropole en matière de résultat aux baccalauréats et d’être la dernière académie par son taux d’illettrisme. Une telle situation ne laisse pas de provoquer nombre d’interrogations et implique que l’on ait un regard sur la durée pour tenter d’y voir un peu plus clair sur les politiques éducatives menées dont on peut se demander si elles si elles ont été progressistes ou non. Cette tentative d’éclaircissement s’inscrit dans un projet de recherche) universitaire en cours (Preuve, I. Ferhat), soutenu par l’ancienne région administrative picarde. L’on portera ici l’examen sur un personnage dont le rôle a été à l’encontre de la situation que l’on connaît en 2016 : le recteur Mallet.Lors de la création de l’académie en 1964, le nouveau recteur Mallet est un intellectuel qui de par sa formation d’origine est de tradition conservatrice et disons-le a peu enseigné dans le supérieur : uniquement à Madagascar où il a fondé la faculté des lettres et jamais en France puisqu’il a été d’entrée de jeu recteur. Poète assez traditionnel dans son expression, il est ancré sur un terroir qu’il affectionne particulièrement : la Picardie et ne semble pas prédisposer à réformer l’éducation dans le territoire qui lui est confié à Amiens d’abord, à Paris ensuite.Or, cet homme de tradition se montra particulièrement inventif en créant son académie et en fondant l’université de Picardie sur un campus qui n’est pas à l’extérieur de la ville mais « à la lisière ». Il se montra apte à encourager les initiatives pédagogiques novatrices, à soutenir le Colloque d’Amiens et à organiser une administration sans trop de heurts avec les enseignants, dans des circonstances difficiles (pénurie de personnel de bâtiments, etc).  Il contribua à construire une académie dont il faudra dresser un bilan lors de son départ. Nommé recteur à Paris en 1969, il réussit à éviter les oppositions trop fortes et à organiser la partition de l’académie en trois divisions administratives nouvelles.  Progressiste en définitive dans son action administrative, ouvert aux questions pédagogiques et pas crispé sur un passé révolu, il allait se heurter aux autorités centrales, notamment ministérielles, alors même que les élites locales au moins à Amiens l’ont soutenu : échec du développement de l’université de Picardie, difficultés pour organiser une réelle interdisciplinarité au sein des anciennes facultés parisiennes. Il appartient ainsi à cette catégorie de recteurs de transition qui, ancrés dans une solide culture littéraire, avait compris les transformations du temps, tout en ne devenant pas une simple courroie de transmission administrative. Cette position a conduit à faire de lui un progressiste en matière éducative, ce qu’il n’était pas au point de départ. Peut-être le poète a-t-il aidé le recteur à aller au-delà de ses strictes fonctions administratives ? L’on pourra ainsi tenter de définir ce qu’il entendait par réforme en éducation et quel est le sens de ses idées progressistes en la matière ?