Après une scolarité au lycée de jeunes filles de Lyon, ainsi qu’une formation à l’Ecole Normale Supérieure de Sèvres de 1889 à 1892, Anna Amieux obtient l’agrégation de sciences et débute sa carrière d’enseignante dans différents lycées de jeunes filles. En 1905, elle est l’une des deux premières femmes à obtenir la bourse « Autour du Monde » de la fondation Albert Kahn, qui lui permet de comparer les systèmes d’enseignement de plusieurs pays européens, avec ceux des pays scandinaves et des Etats-Unis. Sa carrière prend un nouveau tournant en 1913, alors qu’elle obtient la direction du lycée parisien de jeunes filles Jules Ferry. Elle n’y reste que six ans mais y laisse une empreinte durable, avec la création, en pleine guerre, des premières classes féminines de préparation aux Grandes Ecoles d’Ingénieurs. A partir de 1919 et jusqu’à sa retraite en 1936, elle assume enfin la direction de la prestigieuse Ecole Normale Supérieure de Sèvres, formant les futures enseignantes du secondaire au cours de la décennie qui voit par le décret Bérard l’assimilation des programmes d’études masculins et féminins.

Cette contribution se propose d’étudier, à partir de l’engagement d’A. Amieux, certaines transformations de l’enseignement féminin des années 1920. Entre la promotion de l’entrée des femmes dans de nouvelles professions « masculines » comme celle d’ingénieur, et la défense de l’enseignement secondaire féminin « bousculé » par l’assimilation, les deux postes de direction d’A. Amieux s’entourent d’enjeux tant pédagogiques que politiques. Cette communication tâchera de les éclairer, à partir de l’analyse des archives de ces deux établissements, du dossier personnel d’A. Amieux, ainsi que de l’étude de certaines revues pédagogiques.